Objets Extraordinaires : Le Lustre Monumental dans l'ancienne Orangerie - Château de Ferrand

L’histoire du plafond de l’Orangerie commence par une vision : créer un espace où la lumière serait la véritable matière architecturale. Le studio JouinManku a imaginé ce lieu comme un écrin contemporain, en dialogue avec le patrimoine du château, mais totalement ouvert sur l’avenir. L’idée maîtresse était de surprendre le visiteur : depuis l’extérieur, rien ne laisse deviner l’existence de ce plafond spectaculaire, invisible derrière l’élégance sobre des façades des dépendances.
À l’intérieur, le projet s’inspire de l’image d’un ciel vivant, un plafond qui s’anime selon les moments de la journée et les usages du lieu. La lumière devait être douce, modulable, presque immatérielle, pour accompagner aussi bien les moments de dégustation intimistes que les réceptions festives. Dès les premières esquisses, le concept de la résille lumineuse, soutenue par un anneau oblong en bois, s’est imposé. L’ambition était claire : conjuguer précision technique et émotion poétique, tout en respectant l’esprit d’excellence qui caractérise le domaine.

La phase de conception a été marquée par une recherche approfondie sur les matériaux, les proportions et les effets lumineux. La charpente, confiée à MCE Perchalec, a été pensée comme la colonne vertébrale de l’ensemble, capable de supporter la toiture discrète réalisée par SECB tout en offrant une base solide pour le dispositif intérieur.
Au centre, la verrière, imaginée et posée par Labastère, s’est imposée comme l’élément clé du projet. Elle apporte un puits de lumière naturelle, filtrée et calibrée, qui inonde l’Orangerie d’une clarté aérienne sans jamais éblouir. Cette lumière naturelle dialogue avec la résille, réalisée par AOF, qui déploie un maillage de fines lames d’aluminium découpées au laser, assemblées dans un jeu subtil de croisements pour former des milliers de losanges. Peintes dans un ton bleuté délicat, ces lames donnent à l’ensemble des reflets changeants, comme un ciel capturé à l’intérieur.
Le travail de la lumière a été central : des éclairages dissimulés dans les gorges en staff et dans l’anneau en bois permettent de moduler l’ambiance, du clair et précis pour les dégustations techniques à des lumières plus enveloppantes pour des moments plus intimistes. Sous la verrière, un tissu technique a été installé pour diffuser la lumière et créer des halos doux dans chaque alvéole de la résille, renforçant la sensation d’espace et de mouvement.

La réalisation de ce plafond a été une véritable performance technique, orchestrée avec une précision d’orfèvre. Après la mise en place de la charpente par MCE Perchalec et la couverture par SECB, l’équipe de Labastère a installé la verrière, calibrée au millimètre pour s’intégrer parfaitement à l’anneau oblong en bois qui ceinture l’espace. Cet anneau, également conçu et posé par MCE Perchalec, a servi de support pour accueillir la résille.
Le travail d’AOF a ensuite pris le relais pour l’assemblage des lames d’aluminium. Chacune, pouvant atteindre jusqu’à dix mètres de long, a été découpée, ajustée, puis positionnée manuellement sur site. Ce processus, étalé sur plusieurs semaines, a demandé une rigueur extrême pour respecter l’alignement parfait des milliers de losanges formant ce ciel unique.
Les finitions ont été tout aussi soignées : intégration des éclairages, pose des gorges en staff, réglage des intensités lumineuses et tension du tissu sous verrière pour obtenir l’effet lumineux recherché. Le résultat final est saisissant : un plafond qui transcende la fonction pour devenir une expérience sensorielle, où l’artisanat, l’ingénierie et la créativité se conjuguent pour offrir un espace à la fois technique, contemporain et profondément poétique.